Le cas particulier des coronariens

Actuellement, un senior de 60 ans peut espérer vivre encore 23 ans et une femme 27 ! La pratique du sport permet de rester le plus longtemps possible en bonne condition physique et de reculer les risques de dépendance d’une dizaine d’années.

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Le coeur du senior peut rester longtemps le même que celui du sujet adulte. Cependant, on observe inéluctablement avec l’âge des modifications plus ou moins importantes de l’état cardio-vasculaire :

  • Une diminution de la capacité de relaxation du muscle cardiaque par épaississement de celui-ci, entraînant un manque de souplesse qui peut engendrer de l’essoufflement, notamment à l’effort.
  • Une diminution du relâchement des vaisseaux sanguins, source d’hypertension artérielle portant surtout sur le chiffre de la pression maximale « systolique », contemporaine de l’arrivée brutale de l’ondée sanguine dans les artères lors de la contraction du myocarde ou « systole » (le premier chiffre est augmenté, par exemple à 165/85 mmHg ; au lieu de 140/90 mmHg en situation normale).

Les avantages cardio-vasculaires du sport chez le sénior

Le sport, ou tout du moins l’entraînement régulier et modéré, peut jouer sur ces modifications induites par l’âge :

  • en limitant la diminution de capacité de relaxation du muscle cardiaque : la sensation d’essoufflement est ainsi moins marquée,
  • en augmentant la capacité de relâchement des vaisseaux sanguins : le risque d’hypertension artérielle est moindre, protégeant ainsi le cœur et le cerveau de ses conséquences
  • enfin, les battements de cœur s’accélèrent moins vite au repos et à l’effort, diminuant d’autant la consommation du muscle cardiaque en oxygène.

Associé à une diététique raisonnable l’entraînement physique régulier et modéré limite également la tendance à l’augmentation du cholestérol et de la glycémie, et contribue ainsi à diminuer le risque d’ »encrassement » des artères de l’organisme, en particulier des artères nourricières du muscle cardiaque, les artères coronaires.

Mais la prudence doit rester de mise !

Il importe de se souvenir que les effets délétères du vieillissement s’expriment malgré tout. Si la pratique sportive diminue le risque d’accidents cardio-vasculaires, elle ne peut l’éliminer. Ce risque est d’autant plus élevé que :

  • le niveau d’entraînement est plus bas,
  • l’intensité de l’effort physique est plus importante,
  • les conditions environnantes sont défavorables (chaleur, froid).

Il convient donc de toujours respecter ses propres sensations et ses limites, d’éviter le sport lors des grands froids ou des fortes chaleurs, de ne pas penser qu’on est invulnérable et que le sport nous rendra « immortel » (les grands sportifs meurent aussi et parfois même plus tôt…).

Une visite chez le médecin est-elle nécessaire ?

Une visite médicale n’est pas systématique pour ceux qui sont, jusque-là, en bonne santé (pas de facteurs de risque cardio-vasculaires, pas d’antécédent cardiaque précoce personnel ou familial). Un contrôle médical est en revanche nécessaire en cas de symptômes (douleurs thoraciques ou essoufflement anormal à l’effort, palpitations, malaises) ou si l’on désire pratiquer un sport intense (compétition de tennis, trekking…).

Qui est coronarien ?

Un coronarien est une personne qui a des rétrécissements (ou « sténoses ») plus ou moins serrés sur les artères nourricières du muscle cardiaque, les artères coronaires. Ces rétrécissements sont la conséquence de l’« encrassement » des artères par l’athérosclérose. Celle-ci, plus ou moins inéluctable avec l’âge, est d’autant plus précoce et importante que des facteurs de risque sont présents et non corrigés. Ces sténoses diminuent l’apport du sang et donc de l’oxygène au muscle cardiaque, au repos mais surtout à l’effort où les besoins sont alors plus élevés, comme pour tout autre muscle.

L’insuffisance coronaire se manifeste soit par des douleurs thoraciques survenant typiquement à l’effort (angine de poitrine ou encore d’effort), soit par la survenue d’un infarctus du myocarde (à la suite de l’occlusion d’une artère coronaire par un caillot sanguin, habituellement consécutif à la rupture brutale d’une plaque d’athérosclérose dans la lumière artérielle). Mais il faut savoir que l’ischémie (manque d’oxygène) myocardique peut rester silencieuse, notamment chez les diabétiques, privant le patient d’un signal d’alarme.

Le sport est-il autorisé chez le coronarien ?

Oui, si l’insuffisance coronaire est bien maîtrisée par le traitement qui est toujours médical, éventuellement complété par la chirurgie ou par une angioplastie coronaire. La rééducation physique est même conseillée dans les suites d’un infarctus du myocarde. Il est important de bien respecter certaines restrictions : ne pas faire d’effort physique qui déclenche une douleur  angineuse ou un essoufflement anormal, éviter les grands froids et les grandes chaleurs, pas d’esprit de compétition, avoir toujours de la trinitrine à portée de main (traitement d’urgence de la crise d’angine de poitrine).

La fréquence cardiaque ne doit pas atteindre 70 % de la fréquence maximale théorique (220-l’âge), soit en général 110 à 120 par minute pour un patient de 70 ans (70 % de 220-70). Les coronariens reçoivent presque toujours un traitement bêtabloquant qui vise, entre autres, à freiner l’accélération de la fréquence cardiaque à l’effort. Des électrocardiogrammes (ECG) d’effort sont pratiqués à intervalles réguliers chez le coronarien pour vérifier l’efficacité du traitement (pas de signes d’ischémie, bonne limitation de la fréquence cardiaque à l’effort) et l’absence d’évolution des lésions coronaires. Les sports conseillés chez le coronarien « équilibré » par le traitement sont les sports d’endurance : marche d’un bon pas ou jogging prudent, vélo, natation, tennis en double, golf, ski de fond et ski alpin avec prudence (en évitant la marche dans la neige par grand froid, contre le vent)… Les sports déconseillés sont les sports de force : tennis en simple, squash, football… Il est évident que cette activité sportive doit recevoir l’aval du cardiologue et du médecin traitants.

Quel est l’intérêt d’un ECG d’effort chez un sénior pratiquant un sport ?

La réalisation d’un test d’effort a plusieurs intérêts chez le senior pratiquant ou voulant pratiquer un  sport :

  • rechercher des signes d’ischémie myocardique témoignant de lésions coronaires plus ou moins serrées, chez un coronarien avéré ou chez un sujet ne se plaignant de rien mais ayant des facteurs de risque, notamment un diabète,
  • dépister une hypertension artérielle d’effort avec son risque d’AVC à l’occasion d’un effort important,
  • étudier le comportement de la fréquence cardiaque : une accélération trop rapide et élevée témoigne d’un manque d’entraînement et dépister des troubles du rythme cardiaque à l’effort, potentiellement dangereux.

Les facteurs de risque cardio-vasculaires

Les facteurs de risques cardio-vasculaires sont des facteurs constitutionnels ou acquis qui augmentent statistiquement, par rapport à un sujet normal du même sexe et du même âge, le risque d’accident cardio-vasculaire : infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral (AVC), insuffisance rénale chronique. Si on ne peut pas grand-chose sur les facteurs constitutionnels (l’âge, l’homme plus tôt exposé que la femme), il n’en est pas de même pour les principaux facteurs acquis :

  • l’hypertension artérielle (par définition à partir de 140/90 mmHg) qui touche avant tout les artères cérébrales,
  • l’hypercholestérolémie qui touche avant tout les artères coronaires,
  • le diabète qui touche surtout les artères coronaires et les artères rénales,
  • le tabagisme, qui touche toutes les artères, en particulier celles des membres inférieurs.

Ces facteurs sont d’autant plus dangereux qu’ils sont associés entre eux. Ainsi, un homme hypertendu, hypercholestérolémique et fumeur a-t-il 16 à 20 fois plus de risque de faire un infarctus du myocarde qu’un sujet normal du même âge. La parfaite correction des facteurs de risque par une diététique et un traitement appropriés permet de revenir à un risque cardiaque presque normal.

Source http://santesportmagazine.com du 20 Février 2014 par le Docteur Jean-Claude Kahn, Cardiologue

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